mercredi 10 février 2016

La fausse gentillesse


Un matin où j'étais trop de bonne humeur et enthousiaste, j'ai rédigé un courriel à une rédactrice en chef pour lui transmettre mes félicitations à l'occasion de l'anniversaire de son magazine. En guise de conclusion, je lui mentionnais que j'étais blogueuse, en prenant soin de lui laisser mes coordonnées. Ok, mon approche manquait de subtilité et de finesse, j'en conviens, mais à force d'entendre "Ose", ou "Passe à l'action", j'avais décidé de tenter quelque chose. De toute façon, je me sentais bien à l'aise dans ma démarche puisque mes bons mots étaient sincères et que je lui proposais simplement d'aller jeter un coup d'oeil à mes textes. Et comme la rédactrice nous répétait mois après mois dans son éditorial à quel point elle aimait et respectait ses lectrices, qu'elle était curieuse de nous connaître et nous invitait à lui écrire, elle n'allait sûrement pas m'envoyer paître, une femme si gentille!

Eh bien oui! Elle m'a envoyée sur les roses en disant que j'en beurrais pas mal épais dans le but de la mettre dans ma petite poche! C'est ce que j'ai appris en lisant la réponse qu'elle m'a expédiée par erreur puisqu'elle était destinée à un membre de son équipe. Sympathique n'est-ce pas! Je ne suis pas naïve au point de prendre au pied de la lettre tout ce qui est destiné à flatter et entretenir un lectorat, mais j'ai tout de même trouvé ça raide et inélégant de sa part et surtout, très décevant. C'était donc une fausse gentille! Une de plus! Car dans notre univers où les apparences règnent en roi et maître, j'en découvre de plus en plus et ça me désole. 

La fille avec qui vous échangez super amicalement sur les réseaux sociaux et qui vous snobe en vous tournant le dos lorsque vous la rencontrez en personne dans une soirée. L'animateur qui aime donc son public quand la caméra tourne, mais qui se moque de lui quand il se retrouve avec sa ga-gang de branchouilles. La directrice d'école qui est tout miel au moment de recruter des bénévoles, mais qui ne lève même pas les yeux pour les saluer quand elle les croise dans les corridors. Le patron qui a vraiment l'air de se préoccuper de votre sort et qui vous jette à la première occasion. Tous des faux-gentils que j'ai croisés sur ma route et qui m'ont laissé cette désagréable impression de m'être fait berner.

J'essaie de les éviter ces bluffeurs toxiques, mais malheureusement, ce n'est pas écrit dans leur front! À tout prendre, je préfère un air bête authentique qu'une soie synthétique. Au moins, quand tu traites avec une vraie face de bois, tu sais à quoi t'attendre, tandis qu'avec la fausse fine, tu penses que tout va bien jusqu'à ce qu'elle te claque la porte au nez sans que tu aies vu venir quoi que ce soit! Pas trop bon pour la confiance ni l'assurance quand tu réalises que l'autre s'est joué de toi; si elle a fait semblant, c'est parce que je ne valais pas vraiment la peine... Dur pour l'estime de soi. 

Vous souvenez-vous du livre "Cessez d'être gentil, soyez vrai!"? Je ne comprenais pas trop le titre à l'époque, me demandant pourquoi on reprochait à quelqu'un d'être gentil. Mais dans le contexte de la fausse-gentillesse, ça prend tout son sens! Donc, si ce n'est pas dans ta nature d'être gentil, arrête de te forcer pis assume-toi! Au moins, on saura à quoi s'en tenir.


*Épilogue: J'ai retourné son message à la rédactrice en chef en lui spécifiant que je n'essayais de mettre personne dans aucune de mes poches! Elle ne m'a jamais ré-écrit. Aujourd'hui, elle n'est plus à la tête de son cher magazine, elle dirige la section Mieux-être d'un autre média où, paraît-il, elle incarne la gentillesse... 

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