mercredi 9 septembre 2015

Se donner de la misère




Il fait trente degrés dehors, mille si on ajoute le @#$%?& de facteur Humidex. Je marche  pour me rendre d'un point A à un point B parce que je n'ai pas d'autre moyen de transport. J'ai les pieds qui gonflent à vue d'oeil, la sueur me coule vous savez où mesdames, je rêve que le soleil disparaisse jusqu'à l'hiver prochain quand soudain, j'aperçois sur le bitume en fusion un groupe qui fait des push-ups!!! Des push-ups, sur l'asphalte, à cinquante milles degrés! Une quinzaine de femmes en top de bikini, le visage rouge tomate, obéissent aux cris d'un entraîneur digne d'un mauvais film de guerre et souffrent visiblement d'aller toucher le sol brûlant avec leur nez vingt fois de suite! Une question me vient en tête à la vue de ce tableau surréaliste: Pourquoi??? Pourquoi se donner autant de misère??? 

Pour se dépasser voyons! Le fameux mot à la mode qu'on entend partout! Se dépasser, qu'est-ce que ça veut dire au juste? Aller au-delà de ses limites, mais quelles limites? Celles qu'on se met soi-même? Celles que la société nous édicte? Ce ne serait plus SE dépasser alors, mais bien dépasser les autres! Je fais de l'esprit de bottine, ceux qui me connaissent l'auront compris, mais quand même. Cette tendance aux performances extrêmes, aux courses à obstacles de fou qui ne mènent nulle part, aux entraînements comme dans un camp militaire alors que nous avons la chance de vivre dans un pays en paix, aux "Ironman" qui portent un titre de super-héros parce qu'ils courent cent kilomètres mais ne sauvent jamais personne, ce courant d'ultra-ci ou d'hyper-ça, je ne le comprends pas. 

Nos existences sont-elles à ce point vide de sens que nous avons besoin de se faire "souffrir" pour se sentir en vie? J'aimerais bien connaître le point de vue de la fillette qui brave de réels dangers pour se rendre à l'école chaque matin, ou celui du réfugié qui s'use les pieds à marcher pour sauver sa peau! Comprenez bien, je ne suis pas contre l'activité physique "intense" ou le fait de relever des défis, c'est bon pour la motivation, le moral, l'estime de soi. Mais il me semble qu'on a un peu perdu le sens de la mesure, qu'on bascule souvent dans la démesure. Tout ça pour impressionner qui? Nous-mêmes? Il faut se donner de la misère pour se convaincre qu'on vaut quelque chose? On manque d'amour à ce point-là? 

Quand je songe à tous ces efforts surhumains qu'on déploie individuellement pour se prouver qu'on existe,  mon vieux fond communiste (ha!ha!) se met à rêver: si toute cette fabuleuse énergie était dirigée vers quelque chose de plus grand que nous, le bien commun par exemple (bien comme dans bien-être et commun comme dans communauté), qu'est-ce que ça donnerait? Si tout ce jus de bras servait à construire un monde meilleur plutôt qu'à se construire un ego de Superman, est-ce que la Terre tournerait plus rond?

On me croirait directement sortie des années soixante avec mes idées de changer le monde!! On est rendu ailleurs, je le sais bien! Après tout, le surentraînement n'empêche pas d'aider son prochain; le coureur extrême n'accepte-t-il pas de ralentir sa course pour tendre la main à son compatriote pogné dans la bouette? Si c'est pas de l'entraide ça! Hé hé hé! (Sans rancune, je vous admire secrètement au fond! ;) )

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