lundi 30 mai 2016

Se détacher des petits pois / poids

The Princess and the Pea, illustration par Edmund Dulac, 1911

Samedi matin, un bruit de moteur strident et continu entre allègrement dans mon intimité par les fenêtres grandes ouvertes parce que, oui, les beaux jours ramènent tous ces sons indésirables dans nos maisons. Je jette un coup d'oeil dehors et j'aperçois mon voisin qui se bat contre quelques pauvres brins d'herbes à grands coups de Weed-Eater à gaz. En le voyant s'acharner ainsi, je fais le constat suivant: en cette ère où les changements climatiques sont tellement préoccupants pour la santé de notre planète, comment peut-on dépenser autant d'essence pour couper trois bouts de gazon?? Comment nos priorités ont-elles pu changer au point de nous conduire à ça??

Plus tard dans la journée, mon conjoint m'amène faire une balade dans un quartier que je ne connais pas. Nous songeons à déménager et tentons de nous trouver un petit coin plus tranquille que notre rue de banlieue où les maisons s'entassent les unes sur les autres. Nous aboutissons donc sur un chemin boisé où j'aperçois, à travers les touffes de sapins, des immenses demeures dignes de familles d'aristocrates. Je devine qu'elles n'abritent pas des ménages de 25 personnes, mais fort probablement des cellules de quatre ou cinq membres d'un même noyau. Et la question suivante me vient en tête: pourquoi de si grandes maisons?? Ça sert à quoi?? Je vous jure, ces résidences auraient pu servir d'hôtels! Pourquoi une si vaste habitation si elle est à moitié vide?

Le lendemain, pendant que ma plus jeune est partie pratiquer ses katas avec son papa, j'écoute avec ma grande la fin d'un film (plutôt mauvais, mais Harrison Ford y joue un rôle principal, wouh!) que j'ai enregistré la veille. Ça raconte l'histoire (vraie) d'un père qui tente l'impossible pour sauver ses enfants d'une maladie incurable. Mal joué, mal réalisé et pas subtil pour deux sous, ce navet a quand même réussi à me faire pleurer, au grand dam de ma fille qui se désole devant tant de sensiblerie. 

Et elle n'a pas tort, car suite à toutes ces "hyper-réactions", j'en viens à me demander si je ne suis pas trop sensible. Être autant touché, remué, perturbé, inquiété par tout et par rien devient épuisant à la longue et même un peu handicapant, parce que tout se présente sous des angles tellement poignants, dérangeants, interpellants qu'on en vient à éviter certaines situations pour s'épargner un peu le coeur et l'esprit.

Donc, je fais quoi pour atténuer ça? Je me blinde, me durcit le coeur, prends mes distances? Non! Parce que le monde a besoin d'engagement, de bonté et d'empathie! Mais sans prendre mes distances, je tente d'avoir un peu plus de recul et de ne pas me laisser affecter à ce point par des détails de la vie d'aujourd'hui, de ne pas généraliser, de rire un peu plus de nos travers, de ne pas m'en faire avec tout mais seulement avec ce que je peux changer, de moins analyser, de plus agir et surtout, de ne plus écouter de films conçus exprès pour nous faire pleurer!

Hypersensibles, apprenons à ne pas trop s'attarder à la roche dans notre chaussure ou au petit pois sous le matelas, la vie n'en sera que plus belle!

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