mercredi 11 novembre 2015

Un bien cruel petit navire


Image Unicef

Être spectateur des drames qui se déroulent partout dans le monde sans pouvoir rien n'y changer est une position très inconfortable pour moi. Je ne suis pas indifférente à toute cette souffrance, elle m'émeut, me touche et bien souvent, m'enrage; je trouve complètement incongru qu'un enfant puisse perdre la vie sur un radeau de fortune qui traverse la Méditerranée en 2015. Je ne comprends pas comment on a pu en arriver là, laisser se détériorer la situation au point que des parents acceptent, par centaines, de risquer la vie de leurs enfants dans l'espoir d'un avenir meilleur. Quelle tristesse. Et ce constat se répète pour une pléiade d'autres situations plus dramatiques les unes que les autres qu'on nous présente en deux minutes trente au téléjournal, soir après soir. 

Ça me désole et m'indigne, j'en discute avec ma famille, mes amies et ensuite, pouf, plus rien! On passe à autre chose, parce que la vie continue, qu'il faut bien manger, travailler, dormir, mais surtout, parce qu'on n'y peut rien de toute façon. Mais à quoi ça sert d'être aussi informé si ça ne donne E-RIEN au bout du compte! Ça ne donne pas rien bien sûr, on vote aux quatre ans, être au courant de ce qui se passe sur la planète permet de faire un choix éclairé lorsque vient le moment de faire notre crochet dans l'isoloir. Mais concrètement parlant, dans notre quotidien, ça ne change pas grand chose de savoir qu'aujourd'hui encore, sept enfants sont morts dans les flots de la mer du petit navire qui n'avait jamais navigué. Cette chanson sonne autrement, maintenant, dans mes oreilles. 

J'ai déjà posé cette question à un journaliste de renom (Foglia pour ne pas le nommer): comment faites-vous pour continuer à avancer malgré toute cette lourdeur ambiante? Vous savez ce qu'il m'a répondu? Et je cite: "J'ai quelque chose de bovin qui me fait aller au bout de mon sillon sans me désespérer trop de l'époque...". Voilà le secret, avoir quelque chose de bovin, ha ha! Sans blague, bien que son image fasse sourire, elle évoque le détachement. Ce que j'arrive difficilement à faire, parce que même si je me sens impuissante, je veux rester sensible au sort de l'humanité, j'en fais partie après tout! C'est une question d'équilibre j'imagine, trouver le juste milieu entre détachement et indifférence, pour ne pas se sentir trop écrasé par les mauvaises nouvelles sans toutefois se fermer les yeux. J'y travaille, mais aujourd'hui, mon coeur saigne pour tous ces enfants qui ne chanteront jamais Il était un petit navire, engloutis par la mer Mé-Mé-Méditerranée. Reposez en paix.

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