mardi 20 octobre 2015

Botanique politique


Je suis une indécrottable romantique. En 1980, alors que je n'avais que 9 ans, une graine a été semée dans ma petite tête, mais surtout, dans mon petit coeur d'enfant et elle continue de pousser, malgré les années qui passent, malgré les défaites et les revers, malgré les "non" à répétition, malgré  le désenchantement et le désengagement qui s'en est suivi. Elle survit, même si on me dit qu'elle n'en vaut plus la peine, que plus personne (ou pas assez) n'y croit, que de toute façon, elle est mal représentée, qu'il serait temps de passer à autre chose. Elle résiste, presque malgré moi, parce qu'elle me renvoie à mon identité, à qui je suis, à mes racines, mon histoire. Elle est encore là, et le sera probablement toujours parce que cette graine a germé dans un terreau riche d'émotions, de rêves, d'espoir. Une graine m'a poussé dans le coeur et je suis incapable de l'arracher, même au lendemain d'une vague rouge foncé. 

Après la vague orange, j'espérais un peu plus de bleu pour lui redonner de la vigueur. Ce n'est pas arrivé, ça n'arrivera probablement plus jamais et c'est ici que la romantique entre en scène, car ça me crève le coeur, un peu comme une peine d'amour. Il n'y en aura pas de "prochaine fois". J'ai beau le raisonner avec ma tête, mon coeur ne l'accepte pas, puisque la graine est toujours là. La v'limeuse qui me fait croire à chaque fois que c'est possible! Pourtant, à force de se faire raser du paysage, elle devrait bien finir par disparaître! Mais non, elle s'accroche, pareil à de la mauvaise herbe qui se faufile à travers les craques du trottoir; elle continue à pousser même si on lui marche dessus! 

Alors, je la laisse là, tige un peu sèche, sans fleur, mais si profondément enracinée qu'aucun raz de marée peut en venir à bout. Un jour peut-être, mes filles la verront fleurir, car la graine, je l'ai semée dans leur coeur à elles aussi, pour la beauté de rêver grand, de croire en l'impossible. Elles devront à leur tour apprivoiser le goût amer de la déception, mais auront la richesse d'être habitées par des convictions. Un mot plus inspirant que stratégique il me semble. Je suis démodée, je le sais. Il ne faut pas être passéiste! Il faut se mettre au diapason de notre époque! Sinon, on passe pour des vieux nostalgiques, ou pire, des indécrottables romantiques. 

Fin du post-mortem, je tourne la page et retourne à la vraie vie; vous avez vu les couleurs dehors, beaucoup de rouge n'est-ce pas? ;)

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